C’est l’histoire de ZWANG qui rencontre ZUG ou de ZUG qui débarque dans la vie de ZWANG. Ça tombe bien, ZWANG se cherchait un compagnon de route, un disciple. ZUG, lui, cherchait quoi faire. ZWANG pense avoir trouvé le moyen d’échapper au « bug originel » qui est pour lui, le dysfonctionnement responsable du chaos, qui rend la vie, et particulièrement la sienne, si difficile. Par le chaos le désordre se fait, et perd l’individu. En tout cas lui ça le perd.
« En comprenant le noyau, l’essence de ce phénomène, on peut ainsi sauver l’humanité » dit ZWANG. Voilà, son raisonnement est clair - en tout cas il en est persuadé. Cette révélation qui s’est faite en lui, il se doit de la divulguer au monde. Pour cela, ZUG va « l’aider » à organiser une grande conférence. Il vont squatter des lieux pour prolonger la recherche et officialiser celle-ci. Le public arrive, hélas, une heure trop tôt. Là, commence le spectacle... ou comment garder la face et obtenir un brin de reconnaissance dans cette situation de ZugZwang.
C'est un projet sur le temps, qui s'est construit avec amour, et, comme toutes les histoires d'amour, avec des sinuosités. C'est un projet porté par une si belle équipe. Ce spectacle est né du désir d'Antoine et Thomas de raconter une histoire ensemble. Un duo. Et puis, tiens ! Pourquoi pas un duo de clowns ? Alors ils ont décidé de se jetter dans cette aventure. Ils m'ont demandé de venir les y aider.
Une histoire, ils en avaient une. Une histoire très simple, qui, comme toutes les histoires, peut se raconter en une seule phrase. ZUG et ZWANG, deux compères, viennent donner une conférence, mais - il ne le savent pas - ils ont une heure de retard. Ce qui fait la particularité de chaque histoire, ce sont ses protagonistes. Alors il nous a fallu les rencontrer ces clowns. A travers leur histoire.
« Qu'est-ce que vous faites ? » est la question qui a construit ce spectacle.
Créer un espace de jeu. Un espace qui créé le jeu. Un espace intérieur aussi. Construire des chemins, offrir le maximum de possibilités à l'imprévu. Construire pour l'imprévu. Le clown, il est là et maintenant. Pas avant. Pas après. Mais avec son histoire passée et aussi future. Alors, il se raconte par ce qu'il fait. Et c'est particulier. Comme chaque être. Cette singularité qui nous touche, qui nous interroge.
C'est beau de voir naître des clowns. C'est beau de les aider à se trouver, et puis c'est surtout beau de les voir vivre, devenir indépendants, incontrôlables, libres. Et la liberté c'est indécent, étonnant, dérangeant, drôle, curieux, étrange, différent.
Ça y est, ils sont là maintenant. Je m'efface avec joie. Ils n'attendent que cet instant. Ce pourquoi tout ce travail s'est fait. Vous rencontrer. Mettre en scène des clowns, c'est préparer cette rencontre.
Et puis, surtout, s'effacer pour leur laisser la place.
Avec JOIE.
Romans Suarez-Pazos
2014
« C'est l'histoire de... (emphase). En fait, non ce sont deux clowns qui... (soupir). (Décidé) Bon, l'idée c'est que, enfin, non plutôt c'est de faire une conférence...une vraie, enfin, fausse... tu me comprends ? Mais bon, la conférence, ce n'est pas le spectacle... ou pas vraiment... enfin, pas tout à fait, le spectacle, c'est plutôt l'avant, mais dans le présent... (soupir) (Sourire enjoué) Oui, voilà, c'est l'histoire de deux clowns dans un lieu, dans un temps, une histoire de vies, de réussites et d'écroulements, … d'échecs, et peut-être de morts... enfin peut-être (rire) »
Voilà, à peu de choses près le fil conducteur sur un travail déjà en répétition, un texte en train de s'écrire, mais finalement très concret sur l'espace à trouver pour nos deux clowns Zug et Zwang. Ces deux là sont l'axiome de base ayant pour principe le fait d'exister... d'être là, juste là dans un lieu avec nous, à nous regarder, et nous à les regarder alors que nous ne devrions pas.
Alors, il faut dessiner un espace de tentative. Il faut imaginer l'histoire d'un espace qui tente de se construire. Le territoire des personnages, et celui de leur espace intime, intérieur. Les objets, le lieu n'existe que par leur présence. Ils n'ont rien d'exceptionnel. Ils sont. Rien ne se raconte, tout est là, dans le mélange des temps, et à l'instant, dans le présent, immobile.
Enfin, je crois...
Pourtant, une incessante activité se dessine. Une construction dans le chaos d'où en résultera un tableau, magnifique, peut-être...
On pourrait appeler cela un lieu de choses*
Un espace de questionnement, de doute, d'exposition, de réclusion, fait de petites choses. Mais ludique, au fur et à mesure de son exploration. Malgré son apparente insignifiance, il se raconte, il les raconte, il raconte l'histoire en train de se construire et de se démolir. Il vacille, il soutient... Surtout, il accompagne ces deux clowns dans leur errance, leur recherche, leur amour et leur existence.
Amélie Kiritze-Topor
*définition du Larousse :
Philo – Tout ce qui peut exister, être pensé, à propos de quoi on peut affirmer ou nier quelque chose.
produit par
Les Bourgeois de Kiev
co-production
scene conventionnee LE PRATO (Lille)
Dans le cadre du PLOT, avec le soutien du Ministere de la Culture et de la Communication
Avec le soutien
de la DRAC Nord Pas-de-Calais
La ville de Lille
du departement du Nord (aide a la diffusion)
de la region nord-pas de calais
L'espace Peripherique (Paris-Villette)
L'espace Catastrophe (Bruxelles)
Un spectacle cree par
Thomas Le Gloannec
Antoine Suarez-Pazos
Romans Suarez-Pazos
Avec
Thomas Le Gloannec
ZUG
Antoine Suarez-Pazos
ZWANG
Mise en scene
Romans Suarez-Pazos
Scenographie
Amélie Kiritze-Topor
Lumieres
Anthony Merlaud
Ils parlent de nous
Le the des artistes - Hors les murs
Colloque international «Les processus de creation»
Duree du spectacle 1h15... environ